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Livre de bord – Semaine 11

Du lundi 27 juin au dimanche 2 Juillet 2023

De Barentsburg à l’ile aux ours
Lundi matin à l’heure précise ou d’autres humains entre Manhattan et Kaboul prennent leur job, un rail de coke, un café, nous émergeons péniblement de la brume de Barentsburg.
Quelle soirée…un vrai choc spatio temporel cette escale..
Nous étions en territoire russe, dans cette cité d’un autre temps, délaissée par les touristes depuis le début du conflit avec l’Ukraine, et cela fut puissant.
One Love, nous n’avons rien d’autre à dire au monde…
Et nous l avons gravé sur les murs du Red Bear BAR , avant de le chanter sous les balcons de la place rouge. Il devrait encore y trainer quelques notes..
-Marie Christine……

Le temps de rassembler toutes les pièces du puzzle et nous repassons la première direction Longyearbyen ou nous devons déposer Dude et Noe pour qui c’est la fin du voyage. Ils prennent un avion mercredi pour la France. Le mardi est une journée de récupération pour le bateau et l’équipage: chacun en profite pour renouer avec un peu de confort et vaquer à ses petites affaires. Elles sont bien agréables ces journées là aussi. Le soir nous nous donnons rdv au restaurant pour célébrer comme il se doit, cette fragmentation de la team. Ca fait bizarre de les voir partir. Nous avons partagés tellement de choses ensemble ces dernières semaines que cela ne peut pas glisser sur nous comme un missile de l’armée de l’air allemande* sur une toile cirée. Pat verse une petite larme. C’est touchant mais nous ne saurons jamais si c’est le départ de ses potes qui l’émeut ainsi ou la cote de bœuf qui vient de lui être servi. Depuis la défaite du stade Rochelais, il est tellement sensible.

Il est temps pour nous aussi de penser au retour et nos experts analysent les fichiers météo pour la traversée de la mer de Barents: la fenêtre s’est un peu refermée et une grosse bulle d’aire se profile désormais en plein milieu, ce qui ne fait pas nos affaires. Nous décidons de faire route vers le sud de l’archipel pour nous ouvrir le champ à différentes options le temps que les prévisions s’affinent.
Les deux jours suivants, nous Longeons la cote, principalement au moteur, dans l’espoir de tomber sur un ours qui voudrait bien faire un selfie. Peine perdue, mais peu importe, c’est beau aussi de ne pas cocher toutes les cases. Et comme nous nous le sommes souvent dit pendant notre périple: l’avantage quand on met la barre très haut c’est qu’ il devient possible de passer dessous.

Vendredi après une dernière incursion dans le fjord Hornsund qui héberge une mission scientifique polonaise, nous mettons la barre à tribord et engageons vers l’ile au x ours située à 200 MN, à un bon tiers de la route vers Tromso. Nous projetons de nous y abriter le temps de laisser passer un gros de coup de vent qui doit balayer la zone entre dimanche et mercredi. ll fait un temps magnifique et les conditions sont idéales pour la navigation à la voile. Derniers instants magiques quand 4 ou 5 baleines nous font l’honneur de saluer notre départ du Svalbard, par quelques sauts explosifs. Festival, nous sommes comme des gamins.

Dimanche vers 2 heures du matin, après une route sans histoire à prés de 6 noeuds de moyennes, nous jetons l’ancre au nord de l’Ile et préparons le bateau à un rude combat. Le vent est annoncé à plus de 45 noeuds Est/NOrd/Est et on s’attend à des heures difficiles. Nous avons confiance dans le bateau qui en vu d’autres, mais pour nous c’est une première. Nous essayons d’être le plus marin possible dans notre préparation à cet événement: tout repose sur la fiabilité de notre mouillage. Nous ferlons au max la GV, sécurisons tout ce qui peut l’être, pour limiter autant que possible le risque de casse ou de dérapage. Puis nous rentrons nous mettre à l’abri et allumons un cierge. Bonne nouvelle, contre toute attente, nous avons retrouvé de la liaison satellitaire haut débit. En plein milieu de rien sur ce bout de caillou inhabité, c’est providentiel. La récupération des dernières données météo va s’en trouver grandement facilité, et cela nous rassure.

Vers minuit les premières raffales à 40 noeuds sont enregistrées.Le bateau chante « Tout est bruit pour celui qui a peur ».La nuit va être courte.
L’aventure continue

One Response to “Livre de bord – Semaine 11

  • Jean-Loup et Marie-Agnès
    1 an ago

    La tempête est passée…. Et encore Chapeau pour cette aventure !! Bon retour, prenez votre temps quand même !

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